Les Quat'z'arts
(Georges Brassens)
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Brassens
[FAm]Les
copains affligés, les copines en pleurs,
[SIb]La
boîte à domi[MIb]nos en[DO7]foui’
sous les [FAm]fleurs,
[FAm]Tout
le monde équipé de sa tenu’ de deuil,
[SIb]La
farce était bien [MIb]bonne [DOm]et
[FA7]valait
[SIb7]le
coup [MIb]d’œil.
[MIb7]Les
[LAb]quat’z’arts
avaient fait [RE]les choses comme [RE7]il
[SOLm]faut:
[DOm]L’enterrement
paraissait offi[FA7]ciel[FAm7].
[SIb7]Bra[MIb]vo!
[DO7]
Le mort ne chantait pas: "Ah! c’ qu’on
s’emmerde ici!"
Il prenait son trépas à
cœur, cette fois-ci,
Et les bonshomm’s chargés de
la levé’ du corps
Ne chantaient pas non plus "Saint-Eloi
bande encor!"
Les quat’z’arts avaient fait les choses
comme il faut:
Le macchabé’ semblait tout à
fait mort. Bravo!
Ce n’étaient pas du tout des
filles en tutu
Avec des fesse’ à claque’ et
des chapeaux pointus,
Les commères choisi’s pour les
cordons du poêle,
Et nul ne leur criait: "A poil! A poil!
A poil!"
Les quat’z’arts avaient fait les choses
comme il faut:
Les pleureuses sanglotaient pour de
bon. Bravo!
Le curé n’avait pas un goupillon
factice
Un de ces goupillons en forme de phallus
Et quand il y alla de ses de profundis,
L’enfant de chœur répliqua pas
morpionibus.
Les quat’z’arts avaient fait les choses
comme il faut:
Le curé venait pas de Camaret.
Bravo!
On descendit la bière et je fus
bien déçu,
La blague maintenant frisait le mauvais
goût,
Car le mort se laissa jeter la terr’
dessus
Sans lever le couvercle en s’écriant
"Coucou!"
Les quat’z’arts avaient fait les choses
comme il faut:
Le cercueil n’était pas à
double fond. Bravo!
Quand tout fut consommé, je leur
ai dit: "Messieurs,
Allons faire à présent
la tourné’ des boxons!"
Mais ils m’ont regardé avec
de pauvres yeux,
Puis ils m’ont embrassé d’une
étrange façon.
Les quat’z’arts avaient fait les choses
comme il faut:
Leur compassion semblait venir du cœur.
Bravo!
Quand je suis ressorti de ce champ de
navets,
L’ombre de l’ici-gît pas à
pas me suivait,
Une petite croix de trois fois rien
du tout
Faisant, à elle seul’, de l’ombre
un peu partout.
Les quat’z’arts avaient fait les choses
comme il faut:
Les revenants s’en mêlaient à
leur tour. Bravo!
J’ai compris ma méprise un petit
peu plus tard,
Quand, allumant ma pipe avec le faire-part,
J’ m’aperçus que mon nom, comm’
celui d’un bourgeois,
Occupait sur la liste une place de
choix:
Les quat’z’arts avaient fait les choses
comme il faut:
J’étais le plus proch’ parent
du défunt. Bravo!
Adieu! Les faux tibias, les crânes
de carton…
Plus de marche funèbre au son
des mirlitons!
Au grand bal des quat’z’arts nous n’irons
plus danser,
Les vrais enterrements viennent de
commencer.
Nous n’irons plus danser au grand bal
des quat’z’arts,
Viens, pépère, on va
se ranger des corbillards!