Chanson
enregistrée par Brassens, et que l'on peut trouver sur l'album "Les
débuts de Brassens en privé, 1952-1955", aussi appelé
"Il n'y a d'honnête que le bonheur".
[RE7]Chacun
sait qu'autrefois les femm's convaincues d'adul[SOL]tère
Se [MI7]voyaient
enfoncer dans un endroit qu'il me faut [LAm]taire
Par modestie…[LAm7],
[RE7]Un énorme ra[SOL]dis.
Or quand j'étais tout gosse,
un jour de foire en mon village, J'eus la douleur de voir punir d'une
épouse volage La perfidie, Au moyen du radis.
La malheureuse fut traînée
sur la place publique Par le cruel cornard armé du
radis symbolique, Ah ! sapristi, Mes aïeux quel radis !
Vers la pauvre martyre on vit courir
les bonn's épouses Qui, soit dit entre nous, de sa débauche
étaient jalouses. Je n'ai pas dit : Jalouses du radis.
Si j'étais dans les rangs de
cette avide et basse troupe, C'est qu'à cette époqu'-là
j' n'avais encor' pas vu de croupe Ni de radis, Ça m'était interdit.
Le cornard attendit que le forum fût
noir de monde Pour se mettre en devoir d'accomplir
l'empal'ment immonde, Lors il brandit Le colossal radis.
La victime acceptait le châtiment
avec noblesse, Mais il faut convenir qu'elle serrait
bien fort les fesses Qui, du radis, Allaient être nanties.
Le cornard mit l' radis dans cet endroit
qu'il me faut taire, Où les honnêtes gens ne
laissent entrer que des clystères. On applaudit Les progrès du radis.
La pampe du légume était
seule à présent visible, La plante était allée
jusqu'aux limites du possible, On attendit Les effets du radis.
Or, à l'étonnement du
cornard et des gross's pécores L'empalée enchantée criait
: "Encore, encore, encore, Hardi hardi, Pousse le radis, dis !"
Ell' dit à pleine voix : "J'
n'aurais pas cru qu'un tel supplice Pût en si peu de temps me procurer
un tel délice ! Mais les radis Mènent en paradis !"
Ell' n'avait pas fini de chanter le
panégyrique Du légume en question que toutes
les pécor's lubriques Avaient bondi Vers les champs de radis.
L'oeil fou, l'écume aux dents,
ces furies se jetèrent en meute Dans les champs de radis qui devinrent
des champs d'émeute. Y en aura-t-y Pour toutes, des radis ?
Ell's firent un désastre et laissèrent
loin derrière elles Les ravages causés par les nuées
de sauterelles. Dans le pays, Plus l'ombre d'un radis.
Beaucoup de maraîchers constatèrent
qu'en certain nombre Il leur manquait aussi des betterav's
et des concombres Raflés pardi Comme de vils radis.
Tout le temps que dura cette manie contre
nature, Les innocents radis en vir'nt de vert's
et de pas mûres, Pauvres radis, Héros de tragédie.
Lassés d'être enfoncés
dans cet endroit qu'il me faut taire, Les plus intelligents de ces légumes
méditèrent. Ils se sont dit : "Cessons d'être radis !"
Alors les maraîchers semant des
radis récoltèrent Des melons, des choux-fleurs, des artichauts,
des pomm's de terre Et des orties, Mais pas un seul radis.
A partir de ce jour, la bonne plante
potagère Devint dans le village une des denrées
les plus chères Plus de radis Pour les gagne-petit.
Cettain's pécor's fûtées
dir'nt sans façons : "Nous, on s'en fiche De cette pénurie, on emploie
le radis postiche Qui garantit Du manque de radis."
La mode du radis réduisant le
nombre de mères Qui donnaient au village une postérité,
le maire, Dans un édit Prohiba le radis.
Un crieur annonça : "Toute femme
prise à se mettre Dans l'endroit réservé
au clystère et au thermomètre Même posti- Che un semblant de radis
Sera livrée aux mains d'une maîtresse
couturière Qui, sans aucun délai, lui faufilera
le derrière Pour interdi- Re l'accès du radis."
Cette loi draconienne eut raison de
l'usage louche D'absorber le radis par d'autres voies
que par la bouche, Et le radis, Le légume maudit,
Ne fut plus désormais l'instrument
de basses manoeuvres Et n'entra plus que dans la composition
des hors-d'œuvre Qui, à midi, Aiguisent l'appétit.
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